Problème de taille

C’est ce qu’on pouvait appeler un matin comme les autres pour Lucie, seulement si on le comptait dans les matins de ce mois-ci et fin du précédent. Elle était à la salle de bain, où elle venait de tirer la chasse d’eau après avoir eu le droit à faire repasser son souper de la veille. Elle avait de légères douleurs au niveau du ventre. Elle soupire et alla vers l’évier de la pièce où elle fit couler l’eau froide avant de s’en asperger le visage pour le tamponner à l’aide d’une serviette sèche. Elle ne voulait pas s’avouer ce qu’elle avait, même si on fond d’elle en s’en doutait mais c’était beaucoup trop difficile.

Elle passa sa main dans ses cheveux, restant un moment silencieuse voir même immobile avant de se débarrasser de son top blanc et de son jogging, sa tenue pour dormir et de filer sous la douche. Une bonne douche chaude où elle resta bien près d’une demi-heure sous l’eau avant de sortir, rouge presque brûlée par l’eau bouillante et elle s’enroula dans une serviette de bain pour regagner sa chambre. Pas besoin de tenue adéquate pour l’université, on était samedi et elle avait tout le temps de trainer quoi que non, elle avait rendez vous à l’hôpital pour onze heures et il était déjà neuf heures. Elle s’arrêta devant sa penderie, prit une paire de sous vêtements noir, un jean noir et un top de blanc. Elle repassa à la salle de bain une fois habillée et se coiffa, se maquilla légèrement et c’était tout bon.

Elle repassa à la cuisine et bu une tasse de lait, seule chose qu’elle arriva à avaler. Il devait être quelque chose comme… dix heure presque trente et elle enfila une paire de tong, ne prit même pas de quoi se couvrir, vu le soleil resplendissant qu’il faisait dehors. Elle glissa juste ses affaires dans son sac à main et le passa autour de son épaule avant de faire sa villa. Elle avait besoin de marcher. Elle ne voulait pas prendre sa voiture, bien sagement garée dans le garage sous-terrain.

Il lui fallu à peut près un quart d’heure pour y arriver. Elle sortit son papier de rendez-vous et sa carte de sécurité sociale avant de se présenter à l’accueil où elle expliqua ce qu’elle était venu faire. La secrétaire la dirigea vers le bon cabinet d’auscultation. Une fois devant la porte, elle attendit en allant s’asseoir sur l’une des chaises présentes. Elle croisa ses jambes. Deux jeunes femmes attendaient déjà avant elle. Elle souffla doucement et passa de nouveau sa main dans ses cheveux avant de se lever et d’aller se positionner devant la fenêtre. Le temps était devenu gris tout d’un coup, comme-ci une étrange tempête arrivait. Elle passa ses mains sur ses bras pour ensuite repenser à quelques petites choses. Elle n’était pas n’importe où non plus, mais bien devant la porte d’un cabinet de gynécologie. Cela faisait déjà un petit moment qu’elle se doutait de quelque chose, mais ne voulant pas se l’avouer. Pourtant, elle avait tenté de le savoir par elle-même, en achetant un test, mais à la dernière minute, elle l’avait brisé en deux, ayant tellement peur de la réponse…

- Mademoiselle Kavano ?

Lucie se retourna à l’appel de son nom, elle était tellement enfuie profondément dans ses pensées qu’elle ne s’était même pas rendue compte qu’un moment était déjà passé. Elle approuva d’un signe de tête et suivit le médecin à l’intérieur de la pièce. Elle s’assit après la proposition de ce dernier. Elle entortillait ses doigts. Une boule immense se formait au niveau de son estomac.

- Que puis-je pour toi ?

Oui, ce médecin la tutoyait. Lucie la connaissait, elle était venue assez souvent en une période, enfin, au début de son arrivée à Miami pour tout mettre au point et elle s’était revue par après pour enfin lier quelques liens mais sans plus, ce n’était qu’une amie. Lucie lui expliqua la raison de sa visite, ainsi que la durée de son retard. Elle crut voir un léger sourire sur le visage du médecin mais elle n’y fit pas attention. Au contraire, elle se leva et alla vers la table d’auscultation après avoir répondue à quelques questions. Son top se releva et son jeans s’ouvrit pour laisser libre accès à la sonde qu’on utilise généralement pour faire une échographie. Elle ne voulait pas regarder. Elle fit tout pour éviter le regard du médecin et l’image qui apparaissait sur l’écran. Après quelques minutes…

- Et bien, je vois que tu as décidé de te fixer et d’arrêter de jouer avec les hommes…
- Que… Quoi ?!
- Elle est toute simple la raison de ton retard d’une dizaine de semaines… Et je suis sûr que tu t’en doutais…
- N… Non, ce n’est pas possible…
- Tu es effectivement enceinte de bientôt onze semaines, Lucie… Félicitations !

Lucie se rassit après que son ventre soit frotté de ce gel terriblement froid et son jeans refermé. Elle descendit son tee-shirt et s’assit sur le bord de la table. Elle écouta d’une oreille le médecin parler et donner ces quelques conseils avant de se mettre debout, la saluer et reprendre ses affaires. Cette fois, son monde s’écroula de nouveau devant elle. Elle était comme brisée. Elle ne pouvait pas le lui dire, au père bien sûr. Oh oui, elle savait qui s’était… elle ne pouvait que soupçonner lui parce que depuis qu’il était revenu, elle comptait presque les jours. Si elle lui disait, qui pourrait lui prouver qu’elle ne le perdrait pas de nouveau ? Elle avait surtout peur de ça, qu’il parte et ne revienne plus cette fois, une énorme angoisse qui s’installait en elle.

Elle sortit de l’hôpital comme un zombie, si bien qu’elle fut sortie, en sursaut, de ses pensées en sentant les goûtes d’eau sur ses épaules. Elle ne s’en souciait pas, bien trop soucieuse. Elle passa ses mains sans ses poches et marcha, elle en avait envie, même sous la pluie. D’ailleurs, son haut, sous la pluie torrentielle qui tombait à présent, passa rapidement de blanc à transparent. Elle grelottait mais elle n’y faisait pas attention, même aux sifflements d’hommes qu’elle n’entendait pas… Elle dû bien marcher pendant deux heures, sans réellement avoir un but ou savoir où allait. Elle pleurait, mais la pluie camouflait particulièrement bien ses pleurs et les traces de maquillages coulantes pouvaient être dues à l’eau qui dégoulinait de son visage.

Elle finit par opter pour aller parler à quelqu’un…mais à qui… Elle n’en avait encore aucune idée. Elle ne pouvait pas lui parler à lui, c’était hors de question. A Isaline ? Non, elle était liée au futur père… Il ne lui restait que Kazuki. Malgré l’idylle d’un soir qu’il y avait eu entre eux deux, ils étaient restés amis. Un réel ami sur qui elle pouvait compter. Elle dut même encore une bonne demi-heure, trois quarts d’heure avant d’arriver devant son immeuble. Ses vêtements regorgeaient d’eau. Elle tremblait de froid. Elle profita d’un jeune homme sortait pour se faufiler à l’intérieur du bâtiment, non pas s’en recevoir une main aux fesses, mais elle ne s’en formalisa pas, trop ailleurs pour répliquer sèchement. Elle calma ses pleurs silencieux difficilement pour ensuite arriver au bon étage. Elle s’arrêta devant la porte. Et s’il n’était pas là ? Ou simplement, et si il ne voulait pas la voir ? Elle tenta tout de même et frappa d’une main tremblante à la porte de l’appartement de Kazuki…